Comment puis-je accéder sereinement à la démédication ?

Dr Jean Noel SIALELLI
Eleveur et vétérinaire: un travail d'équipe
Diminuer les antibiotiques, c'est possible, mais pas n'importe comment

L’étau médiatique se resserre, et ce n’est pas fini. Depuis la tristement célèbre émission de Elise Lucet « Pièce à conviction : L’assiette tout risque », les articles de tous poils fleurissent sur l’utilisation « massive et systématique » des antibiotiques en élevage, et plus particulièrement en élevage de porc (qui selon les pays représente entre 40 et 50% des quantités d’antibiotiques utilisés en santé animale). Et même si l’approche est souvent caricaturale, évidemment à charge (personne ne parle de la baisse de 29% sur les cinq dernières années et des efforts de la filière porc mis en avant par le ministère de l’agriculture), l’argumentation se précise alors que le sujet est complexe et dépasse largement le seul cadre des productions animales.

Car en effet, l’antibiorésistance est un vrai sujet, qui touche à la fois la santé publique (25 000 décès par an en Europe, nettement plus que le SIDA) et la santé animale (baisse de la sensibilité aux antibiotiques avec risques d’échecs thérapeutiques).

Réduire le recours aux antibiotiques passe donc nécessairement par une amélioration du sanitaire de l’élevage, notamment en travaillant sur les facteurs de risque des maladies bactériennes primaires ou secondaires du post-sevrage, comme la colibacillose.

S’il est de la responsabilité de chacun de diminuer le recours aux antibiotiques, il n’est pas question de le faire n’importe comment pour se retrouver avec des pertes qui explosent et des croissances dans les choux. Pour se passer des antibiotiques, il faut donc respecter un certain nombre de pré-requis.